Nong Khiaw & la rivière Nam Ou (LA)

À la fin de notre dernier article on racontait dans quelles circonstances on a quitté le Vietnam : départ de Dien Bien Phu à 5h30 dans un bus old-school et chargé de vêtements de contrefaçon, d’oignons (pour l’odeur !), de locaux et de onze touristes. Ce n’était que le début d’une épopée qui nous a permis d’avaler pas mal de kilomètres d’un coup mais qui nous a aussi pompé pas mal d’énergie et plus de sous que prévu.

Un paysage de rizières sur la route de Pak Mong

Après avoir roulé deux bonnes heures dans les montagnes du nord du Vietnam et passé le checkpoint de sortie du territoire, on arrive au poste frontière d’entrée au Laos. Le visa est sensé nous coûter US$30 mais comme on est dimanche, $1 de plus nous est demandé. On nous demande aussi $1 pour le contrôle de température du front (anti grippe H1N1, on l’a pas on est rassuré), un autre pour les frais de tamponnage, et un de plus pour nous faire chier. Bilan : on n’a pas assez de dollars pour tout payer, on propose nos derniers Dongs vietnamiens mais il n’y en a pas assez compte-tenu du taux de change abusif pratiqué à la frontière. On doit débourser des euros (changés eux aussi à un taux avantageux… pour les douaniers) et récupérer la monnaie en Kips, la monnaie officielle du Laos. C’est long, cher et énervant mais on n’a pas le choix et on nous rend finalement nos passeports avec un bel autocollant et des tampons dedans. On remonte dans notre cher bus, on a récupéré une bonne cargaison de chips mais pas le droit d’y toucher et on roule vers le premier village digne de ce nom après la frontière, au milieu de la jungle montagneuse et des bambous touffus comme jamais on n’en a vus. Le bus s’arrête en fin de matinée dans une descente poussiéreuse, devant une rivière et un bac sous le cagnard. On est prié à demi-mot vietnamien de descendre et de se démerder pour continuer. On commence par monter sur le bac et essayer de trouver un accord sur le prix de la traversée (10 mètres). Ça ne marche pas trop mal, on se retrouve en face et on cherche à continuer alors qu’on nous propose à tout va des chambres pour rester passer la nuit. Il n’est même pas 14 heures, cet endroit n’a pas l’air si accueillant, il n’y a pas de distributeur et on n’a quasi plus un rond. On est un groupe de onze touristes dont une fillette porto-ricaine de six ans qui voyage avec son père, on est tous un peu fatigué et plein de bonne volonté pour trouver une solution pratique et économique pour continuer. Ça semble difficile mais on finit par nous indiquer une gare de bus qui nous permettra d’aller jusqu’à la première ville moyenne, Udom Xai. On doit marcher trois kilomètres pour la rejoindre, certains montent avec les gros sacs à l’arrière d’un pick-up serviable et on se retrouve à la gare de bus, en partance pour Udom Xai. On a même pu négocier pour payer à l’arrivée ! Là c’est un autre délire de bus, même format mais sono reggae avec basses exacerbées. On entendra deux fois chaque face de la cassette avant d’arriver à Udom Xai vers 17 heures (ça fait bientôt 12h qu’on est parti de Dien Bien Phu) et d’enfin pouvoir retirer un peu de monnaie locale.

Premier arrêt après la frontière


La caravane pour les trois kilomètres à Muang Khua

Comme on veut avancer encore, on chope un bus qui part vers Pak Mong quasi immédiatement, juste le temps d’acheter de quoi grignoter et s’hydrater maintenant qu’on a des sous. Là c’est un grand bus long et vétuste qui roule comme un taré dans les lacets et comme on est a l’arrière, on saute bien à chaque bosse, pas moyen de dormir. On passe sur la clim, la musique locale pourrie à fond, on s’arrête sur une place de Pak Mong et un Laotien qui avait compris qu’on voulait essayer de pousser jusqu’à Nong Khiaw nous signale qu’un bus à côté part dans la minute et nous amènera en trois quarts d’heure à destination. Nong Khiaw c’est le village tranquille conseillé par nos guides (on a un Lonely Planet, un Routard et un Footprint) où on pourra souffler un peu et d’où on pourra repartir facilement vers la suite prévue de nos aventures. On se retrouve donc dans le même genre de bus que le précédent mais sur des tabourets dans l’allée centrale (on est là en supplément) pour un petit trajet qui remue. Déposés vers 22 heures, on se trouve directement un bungalow dans une guesthouse, et on va au seul resto encore ouvert manger un morceau avec deux allemandes qui viennent de faire le même périple que nous.
C’était un peu long à raconter pour nous, à lire pour vous, mais on pense que ça en valait la peine ! On vient de faire un trajet de quelques centaines de kilomètres en passant une frontière, en empruntant quatre bus différents pendant presque 17 heures et on considère que la nuit de repos est bien méritée.

Le bus à grosses basses


Le vieux village de Nong Khiaw

Malgré la fatigue, on doit bien dire qu’on n’a pas si bien dormi à trois dans un lit avec une couverture un peu étroite et les bruits des criquets/cafards contre les fins murs de bambou tressé du bungalow. De manière générale, les chambres sont prévues pour deux personnes et ça n’est pas évident de squatter à trois sans payer un peu plus cher, même sans forcément obtenir un matelas supplémentaire. C’est pas grave, c’est mieux que rien, on fera mieux le lendemain et on est heureux de savourer un petit-déjeuner « Continental » copieux avec la vue sur la rivière pour la modique somme de vingt mille Kips, un peu moins de 2€. On s’était dit qu’on pourrait louer des vélos mais finalement on part à pied vers une grotte à deux kilomètres et demi du village. Le temps est magnifique, il tire vers le trop chaud et ça suinte sévère. La grotte se visite rapidement avec deux bambins qui crachent beaucoup et on squatte longuement une mince rivière qui passe à proximité.

Le pont qui permet d'aller à la grotte


Au fond de la grotte


Notre spot de baignade après la grotte

Après cette baignade fraîcheur on rentre au village se restaurer puis profiter des hamacs sur la terrasse du bungalow, avec nos romans respectifs. Thomas pionce un peu, Jérôme va déambuler sur les rives de la Nam Ou, et Gaultier va discuter avec des locaux au bar-restaurant d’en face. À l’heure de l’apéro il vient chercher les deux autres en annonçant qu’un sacré type fait déguster du whisky Lao. Il s’agit de Souk, un inspecteur du tourisme au Laos qui paye plein de coups et est surtout en train de se faire arroser par les tenanciers du resto. On se pose à sa table avec les patrons et il distribue les petits verres de ce whisky local (très bon). Il finit par nous laisser sa carte et partir tout bourré sur sa moto, on ne sait pour où… Il est déjà presque 22 heures et tout va bientôt fermer à cause du couvre-feu. Au Laos, une loi oblige tous les bars et assimilés à fermer avant 23 heures. On nous a dit que c’était dû à la tendance des habitants à boire beaucoup et à causer parfois du grabuge. Le résultat est qu’ils commencent à boire plus tôt (comme Souk par exemple qui disait avoir bu sa première bière Lao Bia à 8h du matin), et on ne sait pas pour le grabuge. Bref on est aussi un peu attaqué par le Whisky et on commande des plats dans ce resto pour les dédommager du squatt avec Souk. C’est très bon, on accompagne d’une dernière bière pour bien dormir et on s’organise différemment pour la nuit : celui du milieu se met tête-bêche et un du côté prend son sac de couchage. Ce sera mieux mais on se fera réveiller au milieu de la nuit par un chat en furie qui passe juste sous notre bungalow; on croyait qu’il était sous le lit…

Depuis notre arrivée à Nong Khiaw, on a commencé à négocier notre trajet suivant en bateau sur la rivière Nam Ou puis sur le Mekong qu’on retrouvera un peu avant Luang Prabang : un commercial aguerri nous en fera voir de toutes les couleurs jusqu’à l’accord final d’être onze sur le bateau et de payer un peu plus de 20 dollars US chacun. Les business-men aiment bien parler en dollars en Asie du Sud-Est, ça divise les sommes par environ 8.000 au Laos et donc on a l’impression de payer moins jusqu’à ce qu’on reconvertisse en Kips. De plus, la conversion Kip-Dollar est sujette à négociation et ils peuvent essayer de grappiller des pour-cents aussi là dessus.
Ça finit en « Good for you, good for me » (un peu plus pour lui) mais surtout on passera une super journée : la matinée à descendre la rivière Nam Ou, admirer les rives touffues, regarder les tourbillons de courant, jeter un coup d’œil aux villages qu’on dépasse et faire coucou aux enfants qui se baignent depuis les rives. Ceci pendant quelques heures jusqu’à ce qu’on aperçoive l’énorme fleuve sur tribord à la confluence de Nam Ou et du Mekong.

Sur la Nam Ou


On croise des barques de pêcheurs


Les enfants qui se baignent sur les rives


On navigue...


Confluence Nam Ou et Mekong

À cet endroit précis se trouvent les grottes de Pak Ou qu’on a vingt minutes chrono pour visiter (ça faisait partie de la négociation citée plus haut et il a fallu batailler avec le batelier pour l’obtenir !). Ces grottes sont remplies de petites effigies de Bouddha et sont un haut lieu du bouddhisme, mais on n’est pas capable de vraiment dire pourquoi. C’est joli mais sans plus, à vous de juger :

Vue de la grotte inférieure de Pak Ou


Notre bateau vu de la grotte

On repart sur le Mekong, c’est bien plus large maintenant. On voit des pagodes et de grosses villas sur les rives et on arrive enfin à Luang Prabang une bonne heure plus tard. Récit dans un prochain article

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2 Comments

  • Le 03.11.2011, à 11:42, timerous a dit :

    « À cet endroit précis se trouvent les grottes de Pak Ou qu’on a vingt minutes chrono pour visiter (ça faisait partie de la négociation citée plus haut et il a fallu batailler avec le batelier pour l’obtenir !). Ces grottes sont remplies de petites effigies de Bouddha et sont un haut lieu du bouddhisme, mais on n’est pas capable de vraiment dire pourquoi. C’est joli mais sans plus, à vous de juger. »
    Une explication : c’est un lieu de passage, de commerce, et les gens sont très superstitieux, s’ils croient en Bouddha, ils demandent à Bouddha de les protéger pour qu’ils arrivent sains et saufs, d’où les grottes et les statues…

    (Requis)
    (Requis, et non publié)